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L’ENFANT

Cela sufiit. Peu importe la maison neuve et que soit tari le ruisseau limpide qui coulait auprès ; peu importe qu’aient disparu le puits mitoyen, le calvaire, les statues mutilées, et que la sente, jadis bordée de rideaux mouvants, soit devenue une ruelle infecte et mal famée ; peu importe ce qu’on a fait du bocage où rêva l’enfance de Marceline, et qu’un boulevard traverse aujourd’hui les talus gazonnés, plantés d’ormes, où elle cherchait avec ses compagnes « de l’ombrage et des fleurs ».

Ce qui subsiste du décor aide à la reconstitution ; et ce qui subsiste, c’est, au bout de la rue, la tour Notre-Dame, dans l’épaisseur de laquelle s’ouvrait une porte à pont-levis ; et c’est, par-dessus, le ciel pâle et mouillé des Flandres !

Sur un des albums que conserve la bibliothèque de Douai, Mme Valmore a collé une vue de cet anneau des remparts : la vieille tour Notre-Dame, ou plutôt les deux tourelles, qui servaient de prison militaire et dont l’une était flanquée d’un corps de garde en retour, à présent démoli.

De sa maison, ici ou là, mais à coup sûr voisine, elle n’avait qu’une centaine de pas à faire pour aller voir respirer, à travers les barreaux, « le prisonnier de la haute tourelle, » pour aller courir sur les talus ou se rouler dans « cette belle herbe épaisse qui pousse sur les morts ». (Hugo.)

Le cimetière… Il a été nivelé, mais j’en ai foulé le sol humide qu’une agreste végétation a envahi et qu’une grille soustrait aux ébals des petits