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MARCELINES DESBORDES-VALMORE

vinrent plus tard, le bonnet rouge était une espèce de paratonnerre. Au dire de Marceline, en effet, il avait caché, sous une dalle de son foyer, les titres de propriétés de plusieurs familles émigrées qui lui faisaient confiance. Et ce détail a son importance, rapproché d’un autre souvenir de Marceline.

Elle parle, à plusieurs reprises, des voyages que son père fit à cette époque, en Hollande notamment.

« Nous saurons peut-être un jour pourquoi », ajoute-t-elle. Vague promesse qui ne l’engage à rien.

Est-il téméraire de supposer que l’ancien administrateur des pauvres, devenu, par la force des choses, dépositaire du bien des riches, imita quantité d’intendants qui ravitaillaient leurs maîtres à l’étranger ?

Laquelle est la plus plausible de cette hypothèse ou de celle que permet une autre note laissée par Mme Valmore ?

Vers 1791, les deux oncles restés célibataires, qui dirigeaient une imprimerie à Amsterdam et qui étaient fort riches et fort âgés, sentant leur mort prochaine, songèrent aux parents qu’ils avaient en France. Ils se montraient disposés à instituer Marie-Barbe héritière, sous la condition qu’elle et sa descendance « rentreraient dans le sein de la religion réformée. »

Soixante ans après, Marceline voyait encore devant ses yeux les caractères de la lettre et son père la lisant…