Page:Descaves - La Vie douloureuse de Marceline Desbordes Valmore.djvu/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
22
MARCELINES DESBORDES-VALMORE

Vallée de la Scarpe, et en prose dans ses papiers, preuve qu’elle y tenait.

Au soleil de germinal, les plus faibles bourgeons, les plus arriérés s’étaient épanouis. Marceline elle-même portait, suspendue au cou par un ruban tricolore et en guise de médaille de la Vierge, une petite image de la Liberté, dont son frère Félix lui avait fait cadeau.

Ô Liberté céleste,
Sans toi, mon jeune cœur étouffait dans mon sein.
Je t’implorais, au pied de ce donjon funeste.
Un jour…

Un jour, donc, Marceline passant devant la Tour Notre-Dame, convertie en geôle militaire, avait vu pour la première fois ce qu’elle regardait constamment : un prisonnier. Tout ce que nous ignorons, tout ce que nous cherchons, tout ce qui nous paraît mystérieux, se cache ainsi, dans la lumière.

Le détenu était un vieux soldat qui venait respirer à travers les barreaux de sa fenêtre et qui gesticulait d’espérance et d’ennui.

Que demandait-il ? La liberté.

La liberté… la liberté… C’était, dans la tête de Marceline, comme le battant d’un grelot.

Où se trouve-t-elle, cette Liberté ?

Et Félix de répondre avec assurance : « À Paris. »

À Paris ? Il ne s’agissait alors que de l’aller quérir.