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MARCELINES DESBORDES-VALMORE

à ses parents qui eussent volontiers agréé le jeune homme.

Plus tard, naturellement, elle épousa un filateur, qui n’était pas non plus Saint-Preux et qui ne lui donna que le pain de ménage.

Mais elle fut, d’autre part, payée de ses peines par une des plus tendres élégies qu’ait écrites Mme Valmore : Jours d’été.

« Le petit serpent de turbulence » qu’était celle-ci enfant, se dérobait le plus possible aux leçons ou bien y apportait une inattention soutenue. Le livre avait tort… Elle aime à le répéter :

Mais le livre était lourd ; il ne pouvait courir.
Moi, je vais à l’école ; il faut apprendre à lire ;
Mais le maître est tout noir, et je n’ose pas rire !

Et ces beaux vers enfin, dont il faut présenter intacte la gerbe :

Pour regarder de près ces aurores nouvelles,
Mes six ans curieux battaient toutes leurs ailes.
Marchant sur l’alphabet rangé sur mes genoux,
La mouche en bourdonnant me disait : « Venez-vous ?… »
Et mon nom qui tintait dans l’air ardent de joie,
Les pigeons sans lien sous leur robe de soie,
Mollement envolés de maison en maison,
Dont le fluide essor entraînait ma raison ;
Les arbres hors des murs poussant leurs têtes vertes ;
Jusqu’au fond des jardins les demeures ouvertes ;
Le rire de l’été sonnant de toutes parts,
Et le congé sans livre ! errant aux vieux remparts :