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LES FORMES COMPOSÉES DU VERBE ; TEMPS ET ASPECT

2º Après mɑ: (má) « si » on a le présent simple pour exprimer l’éventualité, soit que la supposition se rapporte à l’avenir, ou à une époque indéterminée ou hypothétique, tandis qu’on a le présent II lorsque la supposition se rapporte au moment actuel : má théigheann tu chun pósadh gan chuire, beir leat stóilín chun suidhe « si tu vas à une noce sans être invité, apporte un escabeau pour t’asseoir » ; mais má tá sé ag teacht « s’il est en train de venir (actuellement) ». En revanche, c’est le futur que l’on a lorsque l’hypothèse se rapporte à un avenir bien déterminé : Peig., p. 35 : Níl, mara bhfaighead óm’athair é « Je ne l’ai pas, à moins que je ne l’obtienne de mon père », mais, quelques lignes plus loin (p. 36) avec valeur d’éventualité : sin í díreach an cheist... má gheibhim na huibhe « c’est justement là la question... si j’obtiens les œufs ».

3º C’est le présent I que l’on a comme présent historique ; Peig. p. 20 : tagann sé chugham i leith, agus beireann sé ar láimh orm « il s’approche de moi et me prend la main ».

§ 204. 4º Les verbes exprimant une opération intellectuelle, une perception sensorielle, une impression ou une démarche mentale, ou l’expression parlée de cette démarche (affirmation, négation, interrogation, refus, promesse, etc.), un rapport logique, enfin, s’emploient au présent simple avec valeur de présent actuel. Il en va de même de tous verbes pris dans une acception mentale même alors que ces verbes, pris au sens propre et désignant un procès matériel, requerraient le présent II ; klœʃəmʹ (cloisim) « j’entends » ; krʹedəmʹ (creidim) « je crois » ; dʹerʹəmʹ lʹαt go (deirim leat go) « je te dis que » ; ɑdvʷi:mʹ ən mʹe:d ʃinʹ (admhuighim an méid sin) « je reconnais le fait » ; brαhəmʹ uemʹ e (braithim uaim é) « j’en sens le manque » ; tαnʹhi:n ʃe lʹum (taithnigheann sé liom) « cela me plait » ; kʷirʹən tu u:ntəs, ɑ:həs, orəm (cuireann tú iongantas, áthas, orm) « tu m’étonnes, me fais plaisir » ; fɑ:gən sɑn go (fágann san go...) « il en résulte que », etc.

Le fait que le présent I a ici la valeur d’actualité, n’exclut pas au besoin l’emploi du présent II de ces verbes, soit qu’il s’agisse d’exprimer une activité ou une attitude mentale se prolongeant durant un certain temps, soit qu’il s’agisse de