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PREMIERE PARTIE
STRUCTURE DU MOT : ALTERNANCES

§ 1. Les éléments du discours se laissent assez aisément répartir, dans notre parler, en mots, pleins, et en particules (quoiqu’il existe, naturellement, des cas de transition) ; le mot est tonique ; la particule, proclitique ou enclitique, est atone ; le mot est assujetti à plusieurs systèmes de modifications significatives (alternances internes, finales et initiales, suffixation, préfixation, désinences) ; la particule ne subit que des modifications d’ordre phonique, non significatives.

Si l’individualité du mot, définie par son accent, est bien plus nette que celle de la particule, l’identité en est en revanche bien moins saisissable, du fait de ces variations, qui n’épargnent aucun de ses éléments. Soit un mot comme αun (ceann) « tête » : le génitif précédé de l’article aura la forme (ə) çi:nʹ (an chinn) : la mutation initiale a transformé l’occlusive en spirante ; l’alternance caractéristique du cas a palatalisé la nasale finale, entraînant le passage à i: de la diphtongue. On voit que l’identité du mot réside, non dans un noyau de phonèmes sensiblement stables, mais dans la succession d’alternances définies en un ordre donné : /ç/ + αu/i: + n/, ou plutôt (puisque l’alternance vocalique est ici fonction de l’alternance consonantique finale) : /ç/ + αun/i:nʹ.

Les alternances consonantiques et vocaliques, qualitatives et quantitatives, à la différence des autres procédés de flexion, se retrouvent sous les mêmes formes (quoique non pas dans les mêmes conditions ni avec les mêmes valeurs) dans le nom et dans le verbe. On les passera donc en revue, avant d’aborder la description des différentes espèces morphologiques et de leur fonctionnement.