Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/136

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Egide, avec la force et gauloise et romaine,
Deffend d’autre costé l’Armorique et le Maine.
L’heur ne fut pas égal. à peine les romains
Ravirent trente bourgs aux bretons inhumains.
Mais l’ardent Childeric, d’une fureur soudaine,
Couvrit de corps saxons les rives et la plaine :
Et força les vaincus à regagner leurs masts ;
Pour fondre par les mers en de nouveaux climats.
Enflé du grand succés, il veut que sa vaillance
Ayde Egide à dompter la bretonne insolence :
Mais par un sage advis, Bisin et Guyemans
Donnent un rude frein à ses prompts mouvemens ;
Luy font revoir la Seine ; afin que le patrice
Seul dans ses vains efforts, ou s’énerve ou perisse :
Et que les deux partys, l’un par l’autre abbaissez,
Soient enfin, d’un seul choc, par le franc terrassez.
Le vainqueur se renferme en sa natale terre ;
Et guerrier, dans la paix cherche à faire la guerre.
Le beau sexe le dompte : il le dompte à son tour.
Souvent la force obtient ce que n’a peû l’amour :
Et souvent la fureur de sa flame effrenée
Attente sur les droits du jaloux Hymenée.
Le sage Guyemans, par ses graves discours,
En vain de ce torrent veut arrester le cours.
(car Bisin dans ce temps à Tongres se retire,
Dont le roy luy laissoit sa fille et son empire.)