Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/234

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Mais rien ne la console. Alors loin sur les eaux,
Aux vandales surpris parurent vos vaisseaux.
Chacun s’émeut : Ramir seul en a de la joye.
Voicy tout mon desir, et le ciel me l’octroye,
Dit-il : voicy mes vœux, la victoire, ou la mort.
On l’attaque : il combat d’un aveugle transport.
Mais voyant. La princesse, à ce recit funeste,
S’arreste : et ses sanglots acheverent le reste.
La grandeur de sa perte, et de son sang royal,
Augmente encore en moy la pitié pour son mal.
Les charmes de sa voix, ceux de son beau visage,
Son ardente amitié, tout me charme, et m’engage.
Mais le sang de Ramir, que j’ay privé du jour,
Contre moy se souleve, et contre mon amour.
De pleurs meslez aux siens, plus que de la parole,
Dans ses cuisans ennuis triste je la console.
Pour moy son cœur aussi conçoit quelque douceur.
Mais son sang contre moy luy sert de deffenseur.
Toûjours combat en moy mon ardeur et ma peine.
Toûjours combat en elle et l’amour et la haine.
Cependant elle craint ces hommes bazanez :
Et dé-ja voudroit voir ses destins terminez.
Elle n’a qu’un espoir, qu’un sejour à Cartage,
Peut, prés de Genseric, la garentir d’outrage.
Mais celle dont le toit nous prestoit son secours,
Nous trahit, et nous vend aux infames amours