Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/327

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Mais quitte pour jamais le feu qui te devore
Pour celle qui credule un Jesus-Christ adore,
Un mortel miserable, à la croix attaché,
Durant trois fois dix ans dans sa honte caché,
Qui pauvre et d’un cœur bas, n’a presché dans le monde,
Que misere, indigence, humilité profonde.
Les valeureux françois doivent suivre des dieux
Qui par leurs faits guerriers ont merité les cieux :
Tels qu’Hercule mon fils, qui par sa forte audace,
Sur l’Olympe éclatant s’est acquis une place.
Ne joins pas à ton sang ceux dont l’aveugle foy
Suit une humble, une basse, une honteuse loy.
Et puisque d’Auberon les deux filles hardies
Sentent par tes mespris leurs ardeurs atiedies,
Je veux qu’une princesse à l’œil doux et brillant,
Belle, d’un noble cœur, fille d’un roy vaillant,
Et qui sert nos autels dans la fiere Allemagne,
Soit de ton chaste lit la fidele compagne.
Elle va contenter et ton cœur et tes yeux.
Pren de ma juste main le grand don de tes dieux.
Alors la chambre luit d’une clarté plus grande :
Et de jeunes amours une legere bande,
Chacun armé de traits, en la main le flambeau,
Sur le dos le carquois, sur le front le bandeau,
S’avance en voltigeant, et respand par la chambre
L’odorante douceur du jasmin et de l’ambre.