Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/399

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Des germains estonnez elle écarte la presse :
Puis descend du coursier ; à Myrrhine le laisse :
Saluë Algerion, et s’offre à le servir.
Le prince, de la voir ne sçauroit s’assouvir.
Chacun sent qu’elle inspire et l’amour et la guerre.
Tous ses chefs apres elle aussi-tost sont à terre.
Le grand roy les reçoit, et les embrasse tous ;
Et leur parle d’un air majestueux et doux.
La princesse par Berthe est encore embrassée,
Que l’éclat d’une lance au bois avoit blessée.
Le monarque germain, et l’un et l’autre amant,
Aux princesses alors s’engagent par serment,
De vanger sur le franc leurs cruelles blessures,
Aux injures des dieux unissant leurs injures.
De l’espoir de le vaincre ils se sentent ravis :
Et cét orage est prest à tomber sur Clovis.
Desja le joint son camp diligent et fidelle.
Desja pour les combattre il franchit la Moselle,
Et vers tant d’ennemis precipite ses pas.
Cherchons-les, dit le prince, et ne les comptons pas.
Seulement d’un ennuy que cache son silence,
D’Aurele et de Lisois il regrette l’absence.
Arderic qui le suit, dit pour l’épouvanter,
Leur grand nombre d’archers ne se peut surmonter.
Leurs traits nous couvriront comme un nuage sombre.
Hé bien, répond Clovis, nous combattrons à l’ombre.