Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/400

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A l’envy tous les chefs, incapables d’effroy,
Approuvent par leurs voix la réponse du roy :
Et son camp, par ses cris, donne une seûre marque,
Qu’ils sont dignes soldats d’un si digne monarque.
Enfin le prince attaint les plaines de Blamont.
Puis aux sources du Sar, qui ruissellent d’un mont,
Il arreste l’armée, en quartiers la partage ;
Et des eaux et des bois tire un double avantage.
Pour arrester le cours des saxonnes fureurs,
Il fait partir du camp les prompts avant-coureurs :
En de sombres vallons dresse des embuscades :
Sur le mont fait un fort, bordé de palissades :
Et pendant que son soin le porte en divers lieux,
Un heraut d’Alaric se presente à ses yeux :
Chacun court, et luy preste un curieux silence.
Quelque temps de parler il attend la licence :
Puis jette un fier regard sur le roy des françois :
Et fait oüyr ainsi son éclatante voix.
Je t’annonce, Clovis, de la part de mon maistre,
Puisque tous deux vaillans le ciel vous a fait naistre,
Que chacun desormais, sur son bras seulement
Doit fonder tout l’espoir de son contentement.
Et puisqu’à tous les deux Clotilde est enlevée,
Sa beauté n’est pas deüe à qui l’aura trouvée :
Mais à qui par son fer la sçaura conquerir :
Et pour la posseder, il faut vaincre, ou mourir.