Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/526

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Luy portant tout à coup une attaque impreveuë,
Sur la rive opposée, et d’hommes dépourveuë.
Ses gendarmes dé-ja, par troupes separez,
Marchoient à rangs égaux sur les bords desirez ;
Alors qu’au sage duc un vieillard se presente,
Pour luy dire un secret qui passe son attente.
Je suis Maxent, dit-il, qui guidé par les cieux,
Et detestant les goths, fiers tyrans de ces lieux,
Viens conduire les pas de ton illustre prince,
Pour sauver de leur joug ma natale province.
Choisi de tes guerriers une bande avec toy.
Que l’autre aille vers l’isle, au signal de ton roy,
Seconder son assaut par le bruit des trompettes.
Cependant nous irons par des routes secretes.
Tu pourras avec moy tout passage franchir.
Je veux servir ton prince, et mesme l’enrichir.
Aurele à ce discours soudain donne creance :
Met sa troupe en deux corps : l’un vers l’isle s’avance :
Vers Poitiers à l’instant l’autre marche sans bruit ;
Et suit avec le duc Maxent qui les conduit.
Elle passe dé-ja les loudunoises plaines,
Et fait un prompt repas sur le bord des fontaines :
Vient aux rives du Clain, et traverse ses eaux,
En passages divers, sur de legers bateaux.
Puis, la lune à leurs vœux fournissant sa lumiere,
Ils passent dans les forts de l’épaisse Moliere.