Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/63

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 trop de contrainte
De leurs yeux irritez l’insupportable attainte ;
Et ces cœurs amoureux, accablez de douleur,
S’éloignent à regret, pour plaindre leur malheur.
Quelle voix rediroit, princesse infortunée,
A quel excés d’ennuis tu fus abandonnée ?
Son infidele amant, tant de sermens trahis,
Son trop credule esprit, l’exil de son païs,
Son oncle furieux, et sa pudeur blessée,
Dans un amas confus roulent en sa pensée.
Ah ! Dit-elle en son ame, espoirs trop malheureux,
De mes courtes amours ministres dangereux,
Qui me disiez qu’un jour, par l’effort de mon zele,
Je pourrois à mon dieu gagner cét infidele,
Pourquoy me celiez vous, quand je reçeûs sa foy,
Qu’un infidele à Dieu, le seroit bien à moy ?
Dieu, quels sont les secrets de ta loy souveraine ?
Tu m’offris ton secours : d’où peut naistre ta haine ?
Quoy, m’abandonnez vous, anges heureux et saints,
Qui deviez en tous lieux seconder mes desseins ?
Toy, qui luis dans le ciel, divin areopage,
Dont la voix m’incita d’ayder au grand ouvrage,
Quoy doncques, tes conseils, au lieu d’un tel bonheur,
M’ont portée à la honte, et non pas à l’honneur ?
Vous, remplis de sçavoir, et feconds en miracles,
Prelats, dont j’ay cent fois consulté les oracles,