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comme un peuple d’athées, qui, sans constitution, comme sans principes, abandonnés à l’impulsion du patriote du jour, et du jacobin à la mode, proscrivoient et persécutoient tous les cultes, dans le même temps qu’ils en juroient la liberté. À la tête de ces hommes, qui, plus patriotes que Robespierre, plus philosophes que Voltaire, se moquoient de cette maxime si vraie :

Si Dieu n’existoit pas, il faudroit l’inventer,


on distinguoit Anacharsis Cloots, l’orateur du genre humain. Cloots est Prussien ; il est coussin germain de ce Proly, tant dénoncé. Il a travaillé à la gazette universelle, où il a fait la guerre aux patriotes, je crois, dans le temps du Champ de Mars. C’est Guadet et Vergniaux qui ont été ses parrains, et l’ont fait naturaliser citoyen français, par décret de l’assemblée législative. Par reconnoissance, il a voté, dans les journaux, la régence du vertueux Roland. Après ce vote, fameux, comment peut-il prendre tous les jours effrontément place à la cime de la montagne ? Le patriote Cloots, dans la grande question de la guerre, a offert 12 mille francs à la barre, en don patriotique, pour les frais de l’ouverture de la campagne, afin de faire pré-