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toutefois cejourd’hui 24 nivose, considérant que l’inventeur du nouveau calendrier vient d’être envoyé au Luxembourg, avant d’avoir vu le quatrième mois de son annuaire républicain ; considérant l’instabilité de l’opinion, et voulant profiter du moment où j’ai encore de l’encre, des plumes et du papier, et les deux pieds sur les chenets, pour mettre ordre à ma réputation, et fermer la bouche à tous les calomniateurs, passés, présens et à venir, je vais publier ma profession de foi politique, et les articles de la religion dans laquelle j’ai vécu et je mourrai, soit d’un boulet, soit d’un stilet, soit dans mon lit, soit de la mort des philosophes, comme dit le compère Mathieu.

On a prétendu que ma plus douche étude étoit de charmer les soucis des aristocrates, au coin de leur feu, dans les longues soirées d’hiver, et que c’étoit pour verser sur leurs plaies l’huile du Samaritain, que j’avois entrepris ce journal aux frais de Pitt. La meilleure réponse, c’est de publier le Credo politique du Vieux Cordelier, et je fais juge tout lecteur honnête, si M. Pitt et les aristocrates peuvent s’accommoder de mon Credo, et si je suis de leur église.


Je crois encore aujourd’hui, comme je le croyais au mois de juillet 1789, comme j’osois alors l’imprimer en toutes lettres dans ma France Libre, pag. 57, « que le gouvernement populaire et la démocratie est la seule constitution qui convienne à la France, et à tous ceux qui ne sont pas indignes du nom d’hommes. »

On peut être partagé d’opinion, comme l’étoient Cicéron et Brutus sur les meilleures mesures révolutionnaires, et sur le moyen le plus