Page:Desmoulins - Satyres, 1789.djvu/31

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Oui, par une fente sacrée,
L’indigne nous a pris, hélas !
Une brebis qui s’est sauvée
Le cul en haut, la tête en bas.
À minuit, la none élargie,
A reçu, son profanateur
Par le trou même où le Messie
Devoit seul être son sauveur.

Envain, pour rappeller son ame,
Au loup j’ai crié quatre fois ;
Malgré l’anathême, l’infâme
Emporta la brebis au bois.
Lui met-il en main l’évangile ?
Que fait-il à sœur Génitrix ?
Je n’en sais rien : mais ô Saint-Gilles !
Baise-t-on là le crucifix ?

Comme elle, voloit en hostie
À son avide loup-garou !
Ô si vous eussiez vu l’impie !
Comme il la tiroit par le trou !
Fatal guichet, fente chérie,
Source de plaisirs et de pleurs,
Faut-il que le trou de la vie
Sauve et damne en secret nos sœurs ?