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  DERNIÈRES AMOURS. 142



LXXII.


Las ! temperez un peu ce despit embrasé,
Qui faitnaistre en mon cœur tant d’émeutes soudainea.
Les flertez de vostre œil ne sont moins inhumaines
Que douce est sa lueur, Ion qu’il est appaisé.

Quel serment, non de pleurs, mais de sang arrosé,
Peut rendre en \’ous servant mes paroles certaines.
Puis qu’avec tant de foy, de constance et de peines.
Vous croyez que mon cœur soit traistre et déguisé !

Si j’aime autre que vous, qu’eu,i,’ant je langui~.
El qu’apl’es mon trespas le plus cruel suppliee
Qll1 soit dans les enfers semble trop doux pour moy.

Las t je n’aime que vous, ny ne le sçauroy raire ;
~oyez donc aussi pronte à guerdonner ma foy,
t : omme vostre rigueur fut pronte à me desraire.


LXXIII.


Qn’on ne me prenne pas pOlir aimel’ tiedemant,
J)our -garder ma raison, pour avoir rame saiBe.
Si, comme une bacchante, Amour ne me pounnaiDe
Je refuse le titre et l’honneur d’un amant.

Je veux toutes les nuicts soupirer en dormant,
Je veux ne trouver rien si plaisant que ma peine,
ri’avoir goutte de sang qui d’amour ne soit pleine,
Et, 8ans sçavoir pour quoy, me plaindre incessammant.

)Jon cœur me"desplairoit, s’il n’estoit tout de Rame ;
•..’aise et le mal d’amour autrement n’ont point d’amp.
Amour est un enfant sans prudence et sans yeul.

Tr·op d’avis et d’égard sied mal â la jeunesse :
Aux conseillers d’estat je lais8{, la sagesse,
Pour m’en servir comme eux, Jors que je Sfifay Vit~l1l,