Page:Desportes - Premières œuvres (éd. 1600) I - Diane. Premières Amours.djvu/102

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  DIANE,  



IX. Response par Passerat.


Vous \'oulez estrc h('rtniLc, hermitc allez vous rendre,
Cachcz·vous dans tes. bois pOUl' fûil' Cupidon,
Et, pour monstrer qu'en vous est CSleilll son brandon,
lIabillez-vous de gris, c'est la couleur de cendre.

Vi\·ez de patience, il le vous faut apprendre;
Votre eSJloir mensonger soit changé en bourdon,
Le dedain du refus t à requerÏl' pardon
D'avoir plus dernandé que ne deviez attendre.

lIais sur tout que l'Amour en ce lieu ne soil paiot ;
Pour guarir du chaud-mal, c'est un dangereux saint.
S'il r'allume une fois vos flammes amorties,

Ne pouvant supporter cette tentation,
Vous sortirez des bois et de déyotion,
Et cl tcrez bien-tost votre froc aux orlies.


X. D’un portraict.


Amour de sa main propre a portrait cel inlage,
Afin qu'un pays froid, lourd, barbare, indonté,
Qui demew'oit rebelle à sa divinité,
Fust contraint de se rendre et de luy faire hOIDluagt.

Il choisit le parfait d'un si divin ouvrage
Dans le ciel, sur le vray de la mesme beauté,
Vaquant à son labeur d'esprit tant arresté,
Que sur la beauté mesme on voit quelque avantage.

Les Amoursluy servoient: l'un brassoit les couleurs,
L'autre les destrempoit en l'argent de mes pleurs,
L'autre, plus cUI'ieux, admiroit l'artifice.

Quand il eut achevé, luy-mesme en fut épris,
En devint idolatre, et soudain je fus pris,
Afin que de mon coeur il luy fist sacrifice.