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  LIVRE II. 51


Et toutesfois tous ces maux mis ensemble
N'approchent point de ma griéve tristesse,
Qui seulement. soy seule ressemble.

Lasl ma douleur seulement ne me blesse,
L'ire du ciel n'en seroit assouvie,
Mais la douleur de ma belle maistr~.

Celle qui m'est plus chere que la vie
Est (ô regret!) durement amigée
D'un faux jaloux, plein de haine et d'envie,

Et ce qui rend mon ame plus chargée,
C'est que sou mal de mon malheur procede,
Sans que je puisse, en la rendant vangée,
Vaoger ma mort et luy donner remede.


COMPLAINTE.


La terre, nagueres glacée,
Est ores tic ,oert tapissée; .
Son sein est f'mbelly de neurs,
L'air est encore amooreux d'elle.
~ Le ciel rit de la voir si belle,
1Et mOl (en augmente mes pleurs.

Les champs soot verds, et le boccage
Se pare de jeune feuillage,
Les prez ouvrent mille tresors;
, Et moy, despoüillé de ma gloire,
1Je n'aime couleur que la noire,
f La portant dedans et dehon.

Des oiseaux les bandes legeres,
Renforçans leurs voix ramageres,
Donnent l'ame aux bois et aux champs: