Page:Desportes - Premières œuvres (éd. 1600) I - Diane. Premières Amours.djvu/124

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  DIANE,  



XXIX.


Mary jaloux, flui me dereni la vtlë
De la beauté si bien peinte en mon coeur,
De tes fureurs mon desir prend vigueur,
Et IDOB amour plus forte t.ontinnë.

Plus une place est cherement tenoe,
Plus elle acquiert d~ loüange au vainqueur:
Plu tu seras vers moy plain de rigueur,
Plus je rendray ma constance cononë.

Quand on De peot un coeur froid allumer,
II fant sans plus luy deCeodre d'aimer :
Tout auai-tost le voila plain de flamme.

Done, si tu l'eus vivre bien IlSeUft,
Fenne les yeux, ne garde point ta femme :
Le bien permis est le moins desiré.


XXX.


J'eseuse le mary de celle qui m'a pris
D'estre si deflant, de n'aller point sans elle:
Je voudroy deux cens yeux, de peur d'estre surpris,
Si j'estO} possesseur d'une chose si belle.

Le gouverneur d'un fort, vigilant et f1delle,
Jamais d'un long sommeil n'assoupit ses espris :
Il s'éveille en sursaut, change de &eIltinelle,
Et craint toujours qu'on ait sur sa place entrepris.

Le maudit usurier, qui sa richesse adore,
Sent; dés qu'il en est loin, qu"un IOUcy le devore
Et que mille glaçons le transissent de peur.

Hé 1 qu'est-ce qu·un tresol\t ou qu'une forteresse,
Aupres de la beauté qui fait vivre mon coeur!
Soe mary fait donc bien gardant telle richesse.