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  LIVRE II. 58



XXXVII.


.Vostre coeur s'est changé, maistresse, et je l'endure,
Non qu'un boüillanl despit ne me rende embrasé;
liais pource qu'en aimant je me suis proposé
D'accepter la fortune, ou favorable ou dure.

Je n'i~oraJjamais l'heur de mon advanture,
, Quand de vostre oeil divin j'estoy favorisé;
liais aussi mon esprit n'est pas si peu rusé,
Qu'il ne sçaehe des vents l'inconstante nature.

Je sUÏI tout plein d'amour, quand vous me tenea cher;
Quand vous me dédaignez, je crains de vous 'acller
Et ruy de vos beaux yeux la lumiere inftdelle.

Je ne seray jamais importuD si je PUil,
J'ayme mieux seul à part soupirer mes ennuis:o
L'amy qui m'importune ennemy je l'apelle.


STANSE.


Vous m'avez tait jetter au plus vifde la naIne
Un sonnet que du coeur l'Amour m'a fait sortir:
Si c'est P9ur appaiser les courl'OUX de vostre ame,
La vengeance est petite, il n'en peut rien sentir.
Ah! non, vous l'avez fait pour sauver votre gloire,
Qui couroit grand péril sans cet embrasement:
Car, en brûlant mes· vers, je brûle aussi l'histoire
De vastre tyrannie et de mon long tourment.