Page:Desportes - Premières œuvres (éd. 1600) I - Diane. Premières Amours.djvu/160

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  DIANE,  



LXXIIII.


Si l'amour de IDa foy rend vostre ame craintive,
Houtant que ce vouloir, qui jadis m'a brûlé,
Par le temps à la fin soit éteint ou gelé,
Que de si vaine erreur la verlté vous prive.

Jamais en mon esprit flAmme ne Cut si vive,
Je suis tel que j'estois quand mon coeur fut volé,
Le jouI' qu'un chaste amour, dans vos yeux recelr,
Ilendit heureusement ma liberté capUv{'.

Je gous~, ~n vous oyant, mesme l'avisSflmrnt,
Je tremble, en vous voyant. d'aise et d'estonnement.
De vostre seul regard ma blessure s'allege.

Jamais autre que vous constant ne me rendra;
Je suis serf de Diane, et qui me retiendra
Doit estre cliastiée ainsi que sacrilege.


LXXV.


overs que j'ai chantez en l'ardeur qui IntenOam"
Je deviens à bon droit de vostl'e aise envieux r
Vous viendrez en la main et retiendrez les yeux
Qui retiennent ma vie en l'amoureuse fiame.

Gardez-vous seulement des regars de ma dame,
Ardans flambeaux d'amour, benins et gracieux,
Car s'elle peut brûler les mortels et les dieux..
Elle vous brûlera comme elle a fait mon aroe.

Je sçay qu'il eust fallu, pour monstrer son pouvoir,
Un esprit plus divin, plus d'art, plus de sçavoirj
liais. estaat plein d'amour, je fuy tout artifice.

J'écry ce que je sens, mon mal me fait chanter.
Et le plus beau laurier que j'en veux meriler,
C'est d'alleker ma peine et la rendre propice.