Page:Desportes - Premières œuvres (éd. 1600) I - Diane. Premières Amours.djvu/42

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  DIANE,  



XLII.


Or' que bien loin de vous je langnys soucieux,
Fuyant tout entretien, je pense à mon martire,
Et ne sçauroy rien voir, quelque part que je tire,
Qui ne blesse aussi-lost mon esprit par mes yelixo

Quand je voy ces hauts monts qui voisinent les cieux,
Je pense il la grandeur du bien que je dcshoe,
Et penie, oyant les vents en leu.. caverne bruire,
Que ce soient de mon c.oeur les soupirs furieux.

Quand je "oy des rochers les sources dislilantes,
n me va souvenir de mes larmes brillantes,
Qui ruis..c;el1ent d'un cours tousjours s'entre-suivant;

Et le feuill:lge sec dont la terre est couverte
~emble à mon esperance, en autre temps si '"erte,
liais qui, seche à present, sert de joüet au Yant.


XLIII.


Solitaire et pensif, dans un bois ecarté,
Bien loin du populaire et de la tourhe espesse,
Je veux hastir un temple à ma fiere deesse,
Pour apprendre mes voeux â sa divinité.

Là, de jour et de nuit, par moy sera chanté
Le pouvoir de ses yeux, sa gloire et sa hautesse;
Et, devot, son beau nom j'in,·oqueray sans cesse,
Quand je seray pressé de quelque adversité.

Mon oeil sera la lampe ardant continuelle,
Devant l'image saint d'une dame si belle;
lion corps sera l'autel, et mes soupirs les voeux.

Par mille et mille vers je chantera! l'oOlce,
Puis, espancbant mes pleurs et coupant mes cheveux,
J'y feray tous les jours de mon coeur sacl'illce.