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  LIVRE I. 18



LXIIII.


Conlme un pauvre malade en la couche al'resté,
(Jui, pour sa guarison, prend maint "divel's brovas"e,
Herbes, charmes, billets, mais tout à son dom.age,
Car son mal incurable en est plus irrité;

En fin, perdu d'espoir, quand il a tout tenté,
Remet à Dieu sa vie et n'a plus de courage
D'attendre aucun secours, ny que rien le soulage,
Que celle qui des lnaux est le but limité;

De mesme, en mes douleurs, j'avoy pris espel'ance
Que l'oubly, la raison, les dédains ou l'absence,
Ile pourroient alleger, ou du tout me guaril'.

liais, voyant que sans froict mon attente se tI-euve,
J'obéis au destin, et, sans faire autre preuve,
Des beaux traits de vos yeux je consens de mourir.


LXV.


Si ce n'est qu'amitié, c'<'st la plus cnnamt~e,
Et qui mieux tout à coup va gagnant les cspl'is
Qu'autre qui fut jaInais; n'en tlesplaisc à Cypris,
Les brandons de son fils ne sont rien que fumée.

Expert, j'en puis parler; mon aIne, accoustumée
Dans les fourneaux d'amour plus ardemlnent épris,
Recognoist â r~ssay que tout n'est rien au pris
De ceste amitié neuve, en mon sang allumée.

Quoy! je ne puis dormir; ô Dieu! quelle amitié,
Qui, comme une fureur, me poursuit sans pitié,
Et qui du desespoir les desirs fait renaistre :

Bref. qui fait qu'à tous vants mon vaisseau je remets 1
NOD, ce n'est amitié: c l'amitié n'est jamais
bu prince â son sujet, de l'escl~ve ta son maisl..~. »