Page:Desportes - Premières œuvres (éd. 1600) I - Diane. Premières Amours.djvu/56

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  DIANE,  


Un fen cruel me devore et saccage,
Il boit mon sang, il desseiche mes os.
I..as! je l'estolltre et le ,'eux tenir clos,
liais sa fureur me paroist au visage.

Monstrons·le done : ma dame est pitoyable.
Mais, ô mon coeur! garde de t'abuser,
Car ce seroit de ma mort l'accuser,
Bien qu'elle en soit innocemment coupable.

Non, il n'est point de gesnes si cruelles,
De feux si chauds, ny.,de si griefs tounnens,
Dans les enfers pleins de gemissem~ns,
Pour les pechez des ames crimi~elles.

~i la douleur y peut faire ses plaintes,
Et qu'on s'y lasche aus regrets et aux cris,
Consolez-vous (miserables espris),
Vos passions ne sont que douleurs paintes.

o Cieux cruels 1 si j'ay fait quelque offence.
Dressant 8U ciel mon vol precipilé,
Ptmissez·moJ. je l'ay bien merité,
liais à ma faute égalez ma souJrrance.

odurs rochersl ô deserts solitaires!
Où mes ennuis je soulois évanter,
Ce n'est plus vous qui m'orrez lamenter,
Iles seuls pensers seront mes secretaires.

Car mon ardeur est d'une telle sorte,
Qu'en la souffrant je crains de soupirer:
Comme insensible on me voit endurer;
lia peine est vive, el Jna parole est 'norle.

Ce seul espoir adoucist mon aigoisse,
QU'UR feu ~tI'aint qui cuit si vivement