Page:Desportes - Premières œuvres (éd. 1600) I - Diane. Premières Amours.djvu/86

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  DIANE,  



CONTR’AMOUR.


Ce mal'heureux Amour, ce tyran plein de rag(',
Qn'ils estfait si long-tans vainqueur de mon coul:agc,
Qui In'a troublé les sens, qui m'a fait égarer,
Sans plus bagner sa plume au ruisseau de Incs larmes.,
Est contraint, tout confus, de me quitter les armes
Et chercher autre lieu propre il se retirer.

Ma raison s'est renduë à la fin la maistresse,
Et, pour me faire voir ma filute et la finesse
De ce traistre enchanteur, m'a débandé les yeux.
Ce qui 'fait qu'à part moy je rougisse'de honte,
Vo~-ant un petit nain dont j'ay tant fail de conte
Et que j'ay reveré comme un des plus grands dieux.

Je connoy mon erreur, je connoy la folie
Qui, profonde, a tenu mon arne ensevelie;
Je connoy les flambeaux dont je fus embrasé,
Je connoy le venin qui troubla ma pensée,
Et regrette en pleurant ma jeunesse passée,
Maudissant le pipeur qui m'a tant abusê.

Que mon coeur, que mavoix, que mon esprit se change.
Au lieu de tant d'escrits sacrez à la loüange,
Cependant qu'un chaud-mal me rendait insensé,
Que loon vers desonnais deteste la puissance,
Afin que pour le moins chacun ait COIlt1o.ance
Que je n'al'pas grand' peur qu'il en soit oft"encé.