Page:Desrosiers - Âmes et paysages, 1922.djvu/117

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gnes, afin d’entendre déferler sur les murs, la nuit, les rafales aussi puissantes que des vagues, et rôder, râler lamentablement et se plaindre les vents furieux et spasmodiques. À l’époque des saisons désolées, la jouissance aiguë que lui causaient ces concerts infinis le laissait attentif, prostré et fiévreux tant il sentait la mélancolie de ces cantilènes sauvages. Le mugissement des chutes profondes, l’égouttement des sources, le chantonnement de la pluie sur les toits, les feuilles, l’herbe des prairies lui procuraient des joies profondes.

Par les après-midis immobiles et chauds, il s’enfonçait au cœur des forêts et des parcs pour entendre un roucoulement, des pépiements, le ramage des oiseaux vifs, prestes et légers qui troublent le silence des bois.

Et je m’étonnais souvent, en causant avec Jean Desbois, des expressions qu’il trouvait pour me décrire ce qu’il avait vu ou pour me faire comprendre et saisir ses émotions ; quelques unes étaient d’un effet si juste qu’elles campaient soudainement un tableau devant moi jusqu’à m’en donner la vision exacte. Je l’adjurais alors d’écrire, mais il me donnait toujours la même réponse.

— Les descriptions littéraires, me disait-il, ne peuvent rendre toute la réalité et l’impres-