Page:Desrosiers - Âmes et paysages, 1922.djvu/167

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effets de l’échange des pensées et des sentiments, de toute cette effervescence mentale, tandis que Gaston écoute, impassible et froid d’extérieur, bien que le moindre mot ait d’incalculables répercussions dans son âme.

Ils pénètrent bientôt dans un immeuble à cinq étages occupé par des marchands et s’engagent dans un escalier étroit et tortueux aux marches usées. À chaque palier ils s’arrêtent pour reprendre haleine, et pour le plaisir de terminer leur débat. Maintenant ils atteignent les combles et entrent dans une longue et large salle mansardée et basse. C’est là que se réunit le cénacle, dans un décor original et étrange. La fumée des pipes et des cigarettes voile la lumière trop crue des ampoules électriques. On distingue cependant les poutres saillantes du plafond, les lambris sans peinture noircis par le temps et ornés çà et là d’une caricature, d’un croquis, d’un portrait ou d’une gravure découpés au hasard d’un album. Des fauteuils anciens et délabrés s’affalent misérablement et le piano ne montre que des touches jaunes et craquelées. Les lucarnes sont pleines d’ombre et paraissent bayer à la nuit.

Debout, assis, en groupes, ils sont là une