Page:Dessaulles, Fontaine - Examen critique de la soi-disant réfutation de la Grande guerre ecclésiastique de l'Honorable L.A. Dessaulles, sans réhabilitation de celui-ci, 1873.djvu/18

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EXAMEN PAR UN FAILLIBLE.

De zèle et de ferveur colorant son venin,
Va perçant, flétrissant, déchirant ton prochain ;
Ce sont de noirs péchés, que Dieu te les pardonne !
Il est une leçon qu’il faut que je te donne ;
Ou plutôt que Jésus, mon Sauveur et le tien,
T’enseigne en son discours comment on est chrétien.

Un docteur de la loi, cherchant à le surprendre,
Lui dit : « Maître, parlez ; ne pourriez-vous m’apprendre
Quel chemin le plus court doit nous conduire au ciel,
Et comment on est pur aux yeux de l’Éternel ? »
Jésus lui répondit : « Vous avez le saint livre ;
Qu’y lisez-vous ? Comment vous prescrit-il de vivre ? »
« — On y lit : Vous devez, en tout temps, en tout lieu,
Aimer par-dessus tout le Seigneur votre Dieu ;
D’esprit, de cœur et d’âme il commande qu’on l’aime,
Aimez votre prochain à l’égal de vous-même :
Ainsi le veut la loi ; son texte m’est connu. »
— Jésus dit : « Vous avez sagement répondu,
Allez ; accomplissez cette loi salutaire. » —
Un docteur a toujours de la peine à se taire.
Le nôtre donc insiste : « Et quel est mon prochain ? »
Jésus lui répondit par ce récit divin :
« — Un homme descendait de la montagne sainte ;
Des murs de Jéricho ses pas gagnaient l’enceinte,
Lorsque par des voleurs il se vit dépouillé ;
Ces brigands, dont le bras d’horreurs était souillé,
L’ayant meurtri, navré des coups qu’ils lui donnèrent,
Sur le bord du chemin mourant l’abandonnèrent.
Un prêtre vers ce lieu tourna d’abord ses pas :
Il vit ce malheureux… et ne s’arrêta pas.
Un lévite à son tour vient sur la même place ;
Il voit ce malheureux, l’entend gémir… et passe.
Vint un Samaritain ; que pensez vous qu’il fit ?
Entendant des sanglots, la pitié le saisit,
Il s’arrête, il s’émeut ; et, mettant pied à terre,
Court à ce malheureux, entre ses bras le serre,
Le soulève, lui fait reprendre ses esprits,
Se dépouille, et partage avec lui ses habits ;
D’une main secourable il panse ses blessures,
De flots d’huile et de vin baigne ses meurtrissures ;
Et dans ses soins pieux ne pouvant se lasser,
Sur sa monture enfin parvient à le placer.
Il le conduit lui-même en une hôtellerie,
Veille auprès de son lit, charme son insomnie.
Le lendemain matin, obligé de partir :
Aux maux qu’il souffre encor vous saurez compatir,