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Galilée lui-même, qui n’a jamais voulu dire ce qui s’était passé… — comme si ce silence-là même n’équivalait pas à une quasi-certitude.

Voilà tout ce que j’ai pu trouver au soutien de la prétention que Galilée n’a pas été torturé.

Eh bien ! voici maintenant sur quoi je me fonde pour croire qu’il a été vraiment soumis à la question.

D’abord il fallait qu’on prévît de terribles secrets dans cette affaire, puisqu’Urbain VIII avait exigé de Niccolini, que toutes ses dépêches au Grand-Duc fussent écrites de sa propre main, et lui avait même défendu, sous peine d’excommunication, de révéler à qui que ce fut, à la seule exception du Grand-Duc, ce qu’il pourrait apprendre sur le procès. On peut avoir la preuve de ces singuliers détails en consultant la correspondance de l’Ambassadeur.

En second lieu, on sait par Delambre, qui avait eu dans les mains les pièces originales du procès, que toute la procédure était complète, sauf l’interrogatoire. Or, dans les habitudes de procédure de l’Inquisition, c’est précisément l’interrogatoire qui fait foi de l’application de la torture. C’est l’interrogatoire seulement qui eût fourni la preuve certaine si Galilée avait été torturé ou non ; car dans les interrogatoires des prévenus, non seulement on décrit toujours, dans leurs plus menus détails, les moyens employés pour les faire parler, mais on consigne invariablement, ou on exprime autant que faire se peut, les supplications, les plaintes, les sanglots, les cris, les exclamations, les hurlements que la douleur leur arrache. Cela peut paraître incroyable, mais cela est vrai. Je cite une procédure. Je prends au hasard.

En 1705, une femme de Novare fut accusée pardevant le Saint Office d’avoir épousé régulièrement une autre femme. L’accusée avouait le délit ; mais on voulait savoir quelle avait pu être son intention. Or, du moment que les Inquisiteurs avaient conçu le plus léger doute sur l’intention réelle d’un accusé, ils étaient obligés, par leur code, de décréter le Rigoureux examen, formule usitée pour signifier la torture et qui l’impliquait nécessairement. On le décréta donc contre cette femme, et voici un extrait de son interrogatoire. (Elle n’avait rien dit de positif sur son intention.)

« Alors les susdits seigneurs, (les Inquisiteurs,) après