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gés, que les règles les plus essentielles de la plus commune décence ne fussent brutalement violées.

L’esprit et le cœur se révoltent également à l’idée d’une pauvre femme qui hurle de douleur sous le fouet qui déchire sa chair et met ses os à nu : à l’idée d’une jeune fille que l’on prive du nécessaire, des aliments, de la lumière, de l’air, des vêtements pour la forcer de céder à la brutalité d’un maître ou d’un surveillant : à l’idée d’une mère à laquelle on arrache son mari et ses enfants, précisément les seuls êtres qui puissent lui faire parfois oublier son état de chose vendable et rachetable à volonté, comme si une négresse n’avait pas elle aussi une âme et un cœur !

Mais l’esclavage avait tellement perverti les idées et les sentiments de toutes les classes de cette société exceptionnelle que ce qui nous paraît horrible ne provoquait pas même, chez les planteurs, le plus léger soupçon d’irrégularité. Les choses les plus profondément immorales ne leur causaient pas la moindre répulsion parce qu’elles étaient d’habitude universelle. Voilà comment l’esclavage, en faussant les idées et perver-