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vente de l’un des conjoints. Une fois l’un des deux vendus, le maître qui ne voulait perdre aucune source de profit, forçait la femme de prendre un nouveau mari, ou le mari de prendre une autre femme, car un enfant, à sa naissance, valait $100, et une belle mulâtresse de dix-huit ans se vendait jusqu’à $3000. Les maîtres voulaient donc des enfants à tout prix, particulièrement dans les états éleveurs.

Voilà un fait qui nous prouve que l’esclavage pervertissait jusqu’à la religion. En principe le christianisme rejette le concubinage comme une monstruosité ; en pratique, les clergés de toutes dénominations le toléraient chez les esclaves, car jamais, dans aucune chaire, un mot sur cet abus ! Cela eût offensé les planteurs !  !

Le raisonnement au moyen duquel on mettait sa conscience en repos sur l’autorisation formelle ou tacite du concubinage était basé sur l’absence du libre-arbitre chez l’esclave, « Les esclaves, » disait-on, « ne sont pas des agents libres. La séparation des conjoints est pour eux un fait de force majeure. La volonté du maître équivaut pour eux à la mort de l’un des deux. Ils ne peuvent