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S’il le nourrit mal, il ne peut aller s’offrir chez un maître voisin ; il ne peut pas même sortir de la plantation sans un permis. S’il veut se sauver, on met une vingtaine de chiens sur ses traces et il a contre lui neuf chances sur dix d’être déchiré d’abord, puis ramené enchaîné, puis fouetté.

Avec de pareilles garanties en faveur du maître, avec de pareilles difficultés à surmonter pour l’esclave, nombre de ceux-ci étaient forcés d’endurer la faim tout en travaillant outre mesure. Comme je vous l’ai déjà dit, beaucoup de maîtres calculaient que le système le plus profitable pour eux, (dans la culture, je ne parle pas de la domesticité dans les familles) était d’obtenir de l’esclave la plus grande somme de travail possible dans un temps donné, quitte à épuiser l’esclave en six ou sept ans. Eh bien, en admettant même que tous les maîtres d’esclaves n’agissent pas rigoureusement d’après cette cruelle base de calcul, on ne me contestera pas non plus que ceux qui étaient naturellement durs, égoïstes, calculateurs ou avares ne dussent l’adopter comme règle générale d’administration sur leurs plantations. Or, je crois vous avoir suffisamment démontré