Page:Dessaulles - La guerre américaine, son origine et ses vraies causes, 1865.djvu/362

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 364 —

foules, en règle générale. D’ailleurs, dans le Sud, un jury ne pouvait guère être composé, pour au moins les trois-quarts, que de gens n’ayant aucun respect pour la légalité ; que de gens dédaignant tout autre moyen de protection, même contre la simple injure verbale, que le poignard ou le pistolet ; que de gens enfin qui regardaient comme parfaitement légitime, bien plus, comme exigée par l’honneur, l’attaque personnelle en punition de la plus légère expression insultante ! Le recours à la loi pour se protéger même contre la brutalité de la canaille était considéré comme une lâcheté. Ainsi, il suffisait qu’un homme qui en avait gravement blessé un autre, ou qui l’avait tué, pût prétexter de paroles insultantes, d’altercation offensante, pour obtenir de suite la sympathie complète et active d’un jury.

Les mœurs permettaient à qui que ce fût de se faire justice à lui-même, et les lois restaient invariablement sans force contre de pareilles mœurs.

Un avocat s’adressait un jour à un jury en défense d’un homme accusé d’assaut avec intention de meurtre. Cet homme était en mauvaise intelligence avec un voisin.