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XI
avant-propos

nes routines qui les enchaînent sans qu’ils en aient conscience et ils semblent s’être attachés à une borne quand tout ce qui les entoure progresse et marche sans hésitation vers l’avenir. Dominée par le jésuitisme l’Église lui doit la publication de son Syllabus et les définitions dogmatiques de l’immaculée conception et de l’infaillibilité personnelle et séparée du pape. Ces trois fautes de tactique lui ont fait perdre plus d’adeptes que tout ce que Voltaire et les encyclopédistes, puis les grands écrivains du siècle actuel, puis enfin les découvertes et les constatations de la science depuis cinquante ans, ont pu lui en soustraire. Le pape actuel a essayé de réparer de son mieux les fautes graves et si nombreuses de son prédécesseur, mais le Saint-Siège ne sera peut-être pas de cinquante ans occupé par un homme de son élévation morale et voyant un peu nettement la marche à suivre. Les hommes de cette trempe ont toujours été rares sur le Saint-Siège et il y a neuf chances sur dix que son successeur ne sera pas au même degré que lui à la hauteur de sa mission et des circonstances de plus en plus difficiles qui vont sans cesse surgir autour de la papauté. Pourquoi cela ? Parce que quand la foi est la base fondamentale d’un système elle le fige dans l’immobilité. Et les sociétés qui progressent sans cesse dans le mouvement des idées laissent fatalement en arrière ceux que « leur grandeur retient attachés au rivage ». La vie de l’intelligence a tôt ou tard raison de l’inertie de la foi.