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sur le mariage et le divorce

Jean xxii décide qu’un homme marié qui se fait prêtre même avant la consommation du mariage devait retourner avec sa femme malgré son ordination.[1] Il est vrai que le contraire a été décidé par d’autres papes et qu’on a permis quelquefois à ceux qui n’avaient pas encore consommé leur mariage de se faire prêtres ou de prononcer les vœux monastiques solennels. Les exemples de contradiction sont nombreux dans l’histoire de l’Église parce que, partant toujours du point de vue dogmatique au lieu du seul principe de justice envers les parties, on jugeait les questions plutôt d’après les circonstances et au point de vue hiérarchique que d’après le droit réel.

La non consommation du mariage ne devait clairement conduire qu’à une déclaration de rupture du lien déjà créé, de l’engagement réciproque accepté, mais l’Église ne voulait pas prononcer le mot de divorce tout en faisant la chose, et elle était par cela même forcée de déclarer nul ce qui n’était nul à aucun point de vue. Une des parties rompant le lien en se dégageant de sa parole la nullité de l’acte antérieur n’existait clairement pas. Il fallait donc briser un lien régulier devenu légal et non déclarer qu’il n’avait pas reçu d’existence, car c’était mentir au fait.[2] Et sous le bienheureux système ecclésias-

  1. Pothier, Traité du mariage.
  2. Le R. P. Didon se plaint de ce que certains polémistes confondent perpétuellement la déclaration de nullité d’un con-