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les erreurs de l’église

Cette grande immoralité du congrès a subsisté pendant plusieurs siècles sous la haute moralité cléricale car c’étaient les officiaux, seuls juges des causes matrimoniales, qui l’ordonnaient. Leurs jugements ne venaient qu’en appel devant le parlement. Le congrès n’a été aboli que vers la fin du XVIIe siècle. Mais ce n’est pas à l’Église que revient l’honneur de l’abolition de cette scandaleuse coutume. C’est un arrêt du parlement de Paris, du 18 février 1677, qui l’a forcée d’y renoncer. L’Église n’a jamais renoncé d’elle-même à une immoralité lui rapportant profits et émoluments. Et quand cet arrêt eut été rendu, l’Église a crié comme toujours parce que l’autorité civile ne respectait pas son droit d’imposer une immoralité.

Il fallait pourtant bien que celle-ci la mit à la raison quand elle tombait dans des erreurs inexcusables comme la suivante, par exemple. En dépit du plus simple sens commun les officiaux, dont un grand nombre savaient tout juste assez de latin pour lire la messe, ne regardaient pas toujours comme définitive la dissolution d’un mariage pour cause d’impuissance. Une fois le mariage déclaré nul les parties se mariaient chacune de leur côté. Mais si le mari séparé avait des enfants avec une autre femme, il était obligé d’abandonner celle-ci et de retourner avec la première.[1] Et naturellement le second mariage de

  1. Grégoire IX, Décrétales, liv. IV, cité par Bouly de Lesdain, Nullités du mariage.