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sur le mariage et le divorce

cette même année 1877, les évêques de Sardaigne, comprenant aussi qu’ils ne pouvaient en conscience se rendre complices du libertinage de certains hommes, avaient donné à leurs clergés instruction de ne plus marier personne sans que les formalités civiles eussent été accomplies.

Quelle bonne foi y avait-il donc dans les grandes doléances de Pie ix, dans ses recommandations aux catholiques de Lille, de Belgique et d’ailleurs, d’insister sur l’antériorité du mariage devant le prêtre, quand ses propres collègues d’Italie se trouvaient obligés par la force même des choses de n’en tenir aucun compte ! Après avoir criaillé de tout temps contre l’immixtion de la loi civile dans les questions matrimoniales il a fallu finir par reconnaître sa sagesse et admettre de fait la supériorité de lumières du juriste !

C’est en janvier 1876 que Pie ix écrivait aux catholiques de Lille qu’ils devaient persister à demander l’antériorité de la cérémonie religieuse et, un an auparavant, l’archevêque de Milan avait été obligé de recommander exactement le contraire dans son diocèse ! Pie ix pouvait-il ignorer ce fait ? Eh bien il excite à la désobéissance à la loi là où elle est péremptoire pour fermer les yeux sur les mêmes faits là où elle ne l’est pas encore ! Partout la déraison ! Partout l’opiniâtreté à maintenir les abus les plus évidents ! Dans le système ecclésiastique, plus un abus est ancien moins il est permis d’y toucher. Et