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sur le mariage et le divorce

principe de justice que l’on a mis au panier dans les temps plus modernes.

Le pape Grégoire ii, canonisé, écrivant à saint Boniface en Allemagne, en 726, autorise aussi, comme les conciles de Verberie et de Compiègne quelques années plus tard, celui qui a une femme incapable de cohabitation d’en prendre une autre, à condition de faire vivre la première. Les conciles de Verberie et de Compiègne se sont donc réglés en partie sur la décision de Grégoire ii. On voit combien de temps il a fallu à l’Église infaillible pour découvrir la volonté de Dieu sur la question de l’indissolubilité.

Trois siècles plus tard, en 1031, c’est-à-dire 43 ans avant Grégoire VII, un concile de Bourges permet encore, malgré saint Augustin, le divorce pour cause d’adultère, mais le prohibe rigoureusement pour toute autre raison. On a donc eu pendant longtemps dans l’Église des hommes qui respectaient l’enseignement de Jésus.

Mais la papauté finit par faire prévaloir les idées du docteur de la grâce sur celle de Jésus. Elle permettait pourtant la répudiation aux princes. Quelques capitulaires de Charlemagne prouvent qu’elle était alors assez habituelle, et même la polygamie pas très rare. Charlemagne avait plusieurs femmes, en répudie une, et l’Église ne souffle mot. Il était trop fort pour qu’elle osât parler. D’ailleurs le pape espérait recevoir de lui un royaume. Comment parler haut en pareille situation ? L’Église réservait ses foudres