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les erreurs de l’église

le principe prétendu primordial de la souveraineté de l’Église, qui concède des droits au lieu de les reconnaître loyalement là où ils sont. La base du droit civil, c’est le bon sens. La base du droit ecclésiastique, c’est l’absurde, c’est-à-dire l’infaillibilité d’un homme ou d’une réunion d’hommes. Or il y a nécessairement guerre fatale, éternelle, entre le bon sens et sa négation. Dès qu’un homme vient se déclarer infaillible chacun a le droit de lui demander la démonstration d’une prétention aussi exorbitante. Or cette démonstration n’est possible que dans l’ordre de la foi qui aveugle et non du raisonnement philosophique qui éclaire.

Ainsi, pour avoir voulu céder au clergé et faire de la législation civile sur des considérations purement dogmatiques, on a imposé pendant soixante ans tous les désagréments, toutes les difficultés, toutes les misères imaginables, et dans nombre de cas une vie immorale, à des milliers d’hommes et de femmes auxquels le législateur non contrôlé par le prêtre aurait permis de régulariser leur situation et de vivre honorablement. Pour avoir voulu céder au clergé on n’a laissé d’autre alternative à des milliers d’individus que de vivre dans le concubinage. Des divorcés se seraient remariés. Les statistiques constatent qu’ils le font presque tous. Mais les séparés légalement vivaient dans l’adultère, tacitement autorisé, vu qu’on le savait inévitable, et contaminant leurs propres enfants de la vue de leur vie immo-