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les erreurs de l’église

difficiles, et même impossibles quelquefois, entre gens mariés. Pour se conformer aux exigences du dogme, l’autorité civile, qui ne devrait se préoccuper que de la question de justice envers les parties, a pendant longtemps, pendant des siècles, accepté le remède ecclésiastique, qui ne corrigeait rien et empirait tout au point de vue de la moralité chez les séparés. L’autorité civile s’est donc décidée, une fois délivrée du joug ecclésiastique, à adopter un autre remède. Sans doute mieux vaudrait n’avoir pas besoin de remède. Mais il en fallait un, et le remède ecclésiastique ne produisant que l’immoralité chez les conjoints séparés, on a eu enfin recours au divorce qui diminue les faits d’immoralité chez eux. Cris sans fin de ceux qui se préoccupent plus de dogme que de la morale ! Eh bien l’autorité civile a enfin vu et compris, après des siècles d’esclavage intellectuel imposé par l’Église, qu’il fallait préférer la morale au dogme. En 1816 on a préféré, sous la poussée ecclésiastique, le dogme à la morale. En 1880, on s’est enfin décidé à faire passer la morale avant le dogme. Pourquoi a-t-on eu raison en 1880 et avait-on tort en 1816 ? Parce que la chose dont doivent se préoccuper principalement les sociétés, quels que soient leurs cultes, est la moralité des individus. Il y a beaucoup d’opinions religieuses différentes mais une seule morale. Sous tous les cultes, comme en l’absence de tout culte, il faut mener une vie morale. On est obligé d’être honnête homme à quelque dogme que l’on croie. Or le