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sur le mariage et le divorce

son propre système et maintienne que, quand par exemple le mari est une brute immonde, la femme doit être protégée.[1]

— Mais, dit le P. Didon, vous prétendez donc que l’État a le droit de rompre le contrat ?

— Eh non, mon Dieu ! l’État ne rompt pas plus le contrat qu’il ne l’a créé. Le contrat, c’est le consentement des époux, que l’État n’a fait que recevoir et enregistrer. Et quand l’une des parties, par une conduite immorale ou brutale, a rendu la continuation du lien impossible, et que l’autre partie se trouve forcée de rompre le lien, tant pour sa propre protection que pour celle des enfants, l’État enregistre cette rupture comme il avait enregistré l’alliance, mais ce n’est pas lui qui la brise. C’est la partie coupable qui a seule fait cette rupture, et l’État ne peut refuser sa protection, par ses tribunaux, à la partie innocente et maltraitée. Tout cela est de simple bon sens. Mais la prétendue infaillibilité ecclésiastique est venue brouiller tous les principes et toutes les notions parce qu’elle n’a jamais rien compris à la question de droit chez les parties et de justice envers la partie lésée. Partant du faux principe que le droit de l’Église prime tous les autres droits, elle ne pouvait plus que patauger péniblement sur les questions de justice que sa propre prétention mettait à néant.

  1. Il est bien clair que quand c’est la femme qui se livre à l’adultère le mari doit être aussi protégé par l’État.