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les erreurs de l’église

aux innocents et jamais aux coupables ! Ces saints innocents ne s’aperçoivent pas qu’ils blasphèment le Dieu qu’ils adorent en assurant à tout instant qu’il punit précisément ceux qui ne le méritent pas !

Puis le grand prédicateur, qui se moque de la naïveté des autres, ajoute un peu naïvement peut-être : « Ton mari est mort. » Eh bien, voyons ! S’il était mort physiquement la femme serait libre. Mais il n’est que moralement mort, c’est-à-dire qu’il est devenu indigne ou infâme. Alors il faut que la pauvre femme reste esclave d’une situation horrible qui est le fait du coupable ! Innocente, c’est elle qui doit souffrir pendant que son mari mange peut-être sa fortune à elle avec d’autres femmes ! C’est l’innocente que l’Église accable pour faire plaisir à son dogme ! Et elle ne s’aperçoit pas qu’il y a là une parfaite monstruosité en morale et en simple bon sens !

« Si tu as des enfants, la question ne fait pas doute. »

— Mais pardon ! s’il vous plaît ! C’est précisément là que surgit le doute le plus grave. Si son mari a mangé sa fortune à elle avec d’autres femmes et la laisse sans le sou, faut-il qu’elle meure de faim avec ses enfants sur le principe de la fidélité conjugale ? Mais elle est dégagée en simple bon sens de sa fidélité envers celui qui l’a rompue le premier. En fait ce n’est pas au mari qu’on veut qu’elle reste fidèle. L’Église veut tout simplement qu’elle reste l’esclave