Page:Dessaulles - Les erreurs de l'Église en droit naturel et canonique sur le mariage et le divorce, 1894.djvu/31

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
17
sur le mariage et le divorce

moniale. C’est seulement au divorce de l’empereur Lothaire, en 862, que l’Église réclame un droit de juridiction supérieure sur le mariage.

L’empereur Lothaire répudie sa femme Theutherge. Les conciles d’Aix-la-Chapelle et de Metz avaient approuvé la répudiation. On avait de nombreux exemples de divorce chez les rois goths et les rois francs, et on avait celui de Charlemagne répudiant Hildegarde à la pressante sollicitation du pape Étienne iii. Le principe de l’indissolubilité n’était donc pas encore admis ou imposé. Ces deux conciles étaient donc dans la tradition de l’époque. Mais ici la papauté intervint pour modifier toutes les données antérieures. Si elle n’avait eu d’autre but que de mettre un frein à la licence d’un temps où les puissants de la terre n’en reconnaissaient aucun, l’intervention de Nicolas ier n’eût rien eu que de louable en soi. Mais le but réel de la papauté était d’arracher l’institution du mariage à la juridiction civile et de s’attribuer par là les immenses revenus que son usurpation de cette juridiction allait lui rapporter. Il se présentait néanmoins une grave difficulté. Tous les précédents étaient contre la papauté. Jusqu’alors l’autorité civile seule avait réglé les questions matrimoniales, ou avait autorisé l’Église à suppléer le pouvoir civil. Les décrets de Justinien, de Childebert et de Charlemagne sont décisifs là-dessus. Eh bien ! on avait besoin de précédents et on en inventa. Nicolas ier, s’appuyant sur une fausse décrétale attribuée à l’évêque de Rome