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les erreurs de l’église

transcendante tactique ? Un journal clérical voudrait-il bien se donner la peine d’en faire l’évaluation ?

Un apologiste me dira ici : « Pardon, monsieur, l’Église reconnaît le mariage protestant. » Eh bien ! comment le reconnaît-elle ? Elle n’exige pas, par exemple, ou plutôt n’exige plus, que deux protestants qui se convertissent au catholicisme renouvellent leur mariage devant un prêtre, mais que fait-elle ici de son décret Tametsi ? Voici ce décret tel que je le trouve dans le Dictionnaire de droit canonique de Mgr André, t. ii. p. 581 :

Quant à ceux qui entreprendraient de contracter mariage autrement qu’en présence du curé, ou de quelqu’autre prêtre avec permission du curé ou de l’ordinaire, et avec deux ou trois témoins, le saint concile les rend absolument inhabiles à contracter de la sorte et ordonne que tels contrats soient nuls et invalides, comme par le présent décret il les casse et les rend nuls.

On voit qu’il ne s’agit pas ici seulement des catholiques, mais de tous ceux qui entreprendraient de contracter mariage autrement que devant un prêtre. Ce décret déclarait donc bâtards tous les enfants nés dans le protestantisme, et c’est sur lui que s’appuyait le journaliste dont je viens de parler pour qualifier de concubines toutes les femmes protestantes.

Mais la conséquence était tellement révoltante que malgré le concile et son infaillibilité il a fallu chercher des palliatifs, trouver des atténuations à