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les erreurs de l’église

aime si celui-ci ne veut pas se soumettre à la cérémonie religieuse ou s’il refuse de se confesser. C’est-à-dire que l’Église force cette mère de susciter la guerre là où la paix devrait être. Si cette mère savait que son Église la trompe sur la question de l’essence du mariage en la laissant croire qu’il n’y a pas de mariage sans cérémonie religieuse, resterait-elle inflexible dans l’opinion que sa fille se damne en ne se mariant que civilement ? Il viendra certainement un temps où l’opinion publique plus éclairée forcera l’Église de renoncer à inculquer de fausses notions à ses fidèles sur cette question comme sur tant d’autres où il lui a fallu battre en retraite et admettre implicitement ses erreurs antérieures. Mais pour celle-ci c’est peut être encore affaire d’un siècle. Dans tous les cas, il viendra certainement un temps où les progrès de la raison, éclairée par un savoir supérieur à celui de l’Église, feront accepter de tous cette vérité, qui deviendra incontestable avec le temps : que l’absence de cérémonie religieuse, ou celle du prêtre, ne constitue pas le moins du monde les conjoints en état de concubinage. L’Église elle-même admettra un jour — de fait mais sans le dire explicitement comme toujours — que ses dignitaires trompaient les fidèles en leur affirmant qu’il ne peut exister de mariage régulier sans la présence d’un prêtre. Et la raison en est simple. On n’est pas marié parce qu’il y a eu bénédiction du prêtre ou seulement présence du prêtre ; on est marié parce