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les erreurs de l’église

titution civile. Impies ! ennemis de Dieu ! athées ! chiens hurlants contre l’Église !… et autres expressions de tendresse chrétienne en faveur de la brebis égarée qui tombent par douzaines des chaires où se prêche la parole de Dieu.

Mais quel est bonâ fide le fait réel ? Le fait réel, ami lecteur, est que c’est l’Église elle-même qui, longtemps avant le législateur, a banni Dieu de son sacrement de mariage. Voyons donc comment elle a opéré pour arriver à la réalisation de cette pieuse mise à la porte dans son système.

Sous l’ancienne méthode, Dieu — toujours dans son système — se trouvait en quelque sorte partie au mariage quand le prêtre, son représentant sous le sacrement de l’ordre, bénissait les époux, leur chantait la messe du mariage et prononçait, avec rectitude puisqu’il était considéré comme ministre du sacrement, le conjungo vos… C’était bien le prêtre alors qui unissait religieusement les époux, agissant dans la plénitude de ses attributions de ministre du sacrement. Voilà pourquoi Tertullien disait : « La bénédiction devient le sceau du mariage et le ratifie. » Or puisqu’elle le ratifiait, c’est donc que l’union existait déjà, et que l’on ne considérait nullement la bénédiction du prêtre comme créant le lien. On ne ratifie que ce qui a déjà une existence.

Mais quand l’Église eût enfin compris à la suite des Réformés, malgré l’horreur qu’elle professait pour tout ce qui venait d’eux, que le mariage n’était