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conscience qui tient toutes les fibres de l’être en sujétion et qui clame et gémit si nous tentons d’échapper à son autorité.

À voir toutes ces têtes de femmes courbées sous la bénédiction finale, je sentais qu’elles avaient, au moins un moment, vu et senti ce grand mystère de la pauvre vie humaine et qu’elles en restaient toutes saisies et graves.


XIX

La trop bonne


« Moi, ce n’est jamais mon tour d’être fatiguée ou malade : le jour de ma migraine il y en a toujours une autre à soigner, à la maison. Je me secoue et ça se passe », me disait, en riant, une vaillante petite femme, un peu maigre et pâlotte, dont le tour de se reposer ne devrait pas être passé trop souvent, si on veut la conserver jolie dans ce monde où il y a tant de laides personnes.

On rencontre ainsi de ces femmes si naturellement dévouées et empressées à servir les autres, que ceux qui vivent avec elles finissent par oublier qu’elles sont sujettes à la fatigue et à la faiblesse.

C’est à elles que l’on demande la sortie imprévue, le service qui dérange, la visite ennuyeuse, quand on ne demande pas les trois à la fois, et le tout arrive par surcroît, dans une journée déjà remplie.

Toujours souriante et bonne, cette ange à qui des ailes seraient si utiles va à droite