Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/101

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adoptés ; avant que le produit des taxes eût été versé dans les coffres publics, et transmis en Europe, il s’écoula quelquefois bien des mois et même jusqu’à deux ou trois années ; et pendant tout ce temps, rien n’était plus facile que de persuader aux créanciers des États-Unis qu’on ne faisait rien et qu’on ne voulait pas payer. C’est aussi ce que firent les agioteurs.

Néanmoins vous avez vu l’Indiana abandonner ses travaux publics à ses créanciers pour payer une partie de sa dette, et se taxer pour faire honneur au reste : vous avez vu le Maryland et l’Illinois se taxer aussi pour payer les intérêts de leur dette, et créer des fonds d’amortissement considérables : enfin aujourd’hui le crédit public est excellent, et d’ailleurs les États-Unis sont assez riches pour n’avoir plus besoin d’aller emprunter ailleurs.

Dans le mois de juillet dernier l’emprunt pour l’agrandissement du canal de l’Érié a été ouvert à New-York ; on avait besoin de $2,500,000. La somme a été complétée en quelques heures, et des offres avaient été faites pour plus de $7,000,000

Non, rien ne justifie la susceptibilité des peuples Européens vis-à-vis des États-Unis. L’Angleterre et la France aussi ont eu leurs crises commerciales, leurs gênes monétaires, leurs détresses publiques. La banque de Law a ruiné des milliers de familles. Les faillites de deux cent quarante banques, en Angleterre, en 1815 et 1816 ont causé des pertes immenses, des banqueroutes sans nombre, des souffrances infinies. D’ailleurs qu’est-ce aujourd’hui que la dette publique de l’Angleterre, sinon une banqueroute par consentement mutuel ? Qu’est-ce que le tiers consolidé, en France, sinon la preuve de deux autres tiers déconsolidés ?

D’ailleurs, Messieurs, sont-ce les habitants du Canada qui peuvent s’arroger le droit de jeter la pierre aux Américains à propos de leurs dettes publiques ? Nous sied-il bien de leur reprocher des folies quand notre dette est proportionnellement dix fois plus onéreuse que la leur ?

Les Américains ont employé utilement au moins les sommes qu’ils ont empruntées : nous, nous avons gaspillé le quart de celles que nous devons.

Ainsi, £75,000 ont été engloutis dans le lac St. Pierre,