Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/106

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journaux ministériels, que nous étions moins taxés que les Américains, vient de la base erronée qu’ils ont adoptée.

L’un d’entr’eux a pris le chiffre total des dépenses publiques des États-Unis ; s’est bien donné garde de voir que le peuple Américain n’était pas taxé pour faire face au trois quarts des intérêts des dettes particulières ; a présenté, comme dépenses permanentes, certains items extraordinaires, dus à des circonstances qui ne se présentent pas une fois en trente ans ; a réparti le total de la somme qu’il a lue sans la comprendre, sur la population des États-Unis, et est venu triomphalement apprendre a ses confrères que le peuple Américain était trois fois plus taxé que nous. Or comme l’abnégation de sa propre intelligence est la vertu cardinale de tout journaliste ministériel ; et que, quand le chef de file a parlé, les autres n’ont plus qu’à mouvoir la nuque par ordre de préséance, tous les confrères ont répété par cœur ce que le chef du troupeau avait cru découvrir, et on a réussi à créer une fausse impression chez beaucoup de personnes.

Or, Messieurs, vous comprendrez facilement que le mode de répartir les dépenses publiques d’un pays sur sa population et non sur la valeur de la propriété, doit être la source d’erreurs très graves, si on compare les charges de ce pays avec celles d’un autre pays, à moins que la richesse générale ne soit relativement la même dans tous les deux.

Voilà l’explication de l’erreur grossière qu’on a faite quand on a dit que les Américains étaient plus chargés de taxes que nous ne le sommes puisque chaque individu, dans les États-Unis, payait en totalité près du double de ce que chaque individu paie en Canada.

Cette assertion serait vraie si les Américains n’étaient pas plus riches que nous : mais comme ils le sont quatre fois plus, et qu’ils paient, par tête en moyenne, moins du double de ce que nous payons, il est évident que, relativement à leurs ressources, ils sont une fois moins chargés.

Cette différence sera plus frappante encore, si on établit la même comparaison entre la Grande-Bretagne et le Canada.

Les dépenses du gouvernement Anglais pour 1850 se montent à un peu plus de $50,000,000 sterling. Cette somme, répartie sur la population des Îles Britanniques donne une